Info veille |
03/09/2008 : Communiqué de presse du Réseau Sortir du nucléaire
Le coût
d'ITER pourrait flamber
Quatre-vingts modifications dans la conception du réacteur expérimental
de fusion ITER vont entraîner un surcoût non encore précisé.
ITER coûtera-t-il bien plus cher que prévu? Le futur réacteur
expérimental de fusion nucléaire en construction à
Cadarache, dans les Bouches-du-Rhône, devait coûter 10 milliards
d'euros : 5 pour sa construction, et 5 pour son exploitation. Son but :
prouver la faisabilité scientifique et technique de la fusion nucléaire
pour produire de l'énergie. Mais les scientifiques en charge du projet
ont réclamé plusieurs changements dans la conception de ce
réacteur. Ces modifications ont été acceptées
par le conseil, l'organe exécutif d'ITER, lors d'une réunion
à Aomori au Japon. Et qui dit changements dit surcoût.
Le dépassement du budget de construction
atteindrait 30%, mais Stephen Dean, président de la fondation Fusion
Power Associates, estime dans le journal Nature (1) que le coût total
pourrait en réalité doubler. Car il faut aussi compter avec
la forte hausse du coût des matières premières, notamment
du cuivre des gigantesques aimants servant à confiner le plasma.
Mais si le conseil a approuvé le nouveau cahier des chargea d'ITER,
il n'en a pas approuvé le surcoût. «Le chiffrage final
sera issu d'une procédure longue et compliquée, indique Neil
Galder, directeur de la communication d'ITER. Nous avons demandé
une évaluation indépendante des coûts par un groupe
d'experts internationaux, qui devra aussi proposer des pistes d'économies.
Il rendra son rapport en novembre. »
Personne, cependant, ne remet en question la nécessité de
modifier la conception du réacteur. La précédente datait
de 2001, avant que le projet soit rendu au point mort, puis relancé
en version simplifiée en 2005 (2). Depuis, des progrès ont
été faits tant en physique des plasmas que dans l'ingénierie
des réacteurs. Ce sont ainsi pas moins de quatre-vingts modifications
qui ont été réclamées, concernant notamment
le système de chauffage du plasma par micro-ondes, l'ajout de nouveaux
aimants pour mieux contrôler les instabilités du plasma, ou
encore le diverteur, un dispositif destiné à extraire le combustible
usé.
Les délais ont aussi été
revus à la hausse. La date de production du premier plasma, prévue
pour 2016, a été retardée à 2018. En effet,
deux ans ont été nécessaires pour mettre en place l'organisation
juridique, financière et administrative de cette énorme coopération
internationale. Car le nombre de pays impliqués augmente la complexité
du projet: chacun des sept partenaires dispose d'une «agence domestique
», chargée d'assurer sa contribution au programme, qui dispose
de son personnel, de son budget, et négocie les contrats en vue d'assurer
sa contribution en nature. Cela n'entraîne pas toujours une gestion
très rationnelle. Un huitième partenaire devrait, par ailleurs,
bientôt rejoindre le consortium: le conseil d'ITER a approuvé
l'ouverture de négociations avec le Kazakhstan.
Les gouvernements des pays impliqués dans ITER remettront-ils la
main au porte-monnaie ? Rien n'est moins sûr. En décembre 2007,
le Congrès américain a déjà pris la décision
de ne pas inclure dans le budget 2008 les 145 millions de dollars dus pour
ITER...
(1) G. Brumfeld, Nature, 453, 829, 2008.
(2) Cécile Michaut, La Recherche, septembre 2005, p.24.
Fédération Nord Nature, 23 rue Gosselet, 59000 LILLE - Tel 03.20.88.49.33 - Fax 03.20.97.73.81 - mail :secretariat@nord-nature.org