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05/02/2009 : Réseau "Sortir du nucléaire" - Fédération de 840 associations
Communiqué du vendredi 5février 2009 - Contact : 06.64.100.333


Sarkozy à Flamanville : le nucléaire français au bord du gouffre


- Les ventes d'EPR (Chine, Inde, etc) sont virtuelles
- Flop des chantiers EPR en cours (Finlande et France)
- Areva et EDF financièrement au plus mal…



En visitant vendredi le chantier du réacteur nucléaire EPR en construction sur les falaises de Flamanville (Manche), Nicolas Sarkozy symbolisera parfaitement l'état de l'industrie nucléaire française… au bord du gouffre. En effet, bien que qualifiés de "champions" par la communication élyséenne, EDF et Areva sont l'un comme l'autre en très grande difficulté industrielle et financière.

Areva en cessation de paiement ?

Areva est à la recherche de près de 3 milliards d'euros pour simplement boucler son budget 2009, et a déjà annulé, le 25 novembre 2008, son projet d'exploitation de la mine d'uranium Midwest au Canada. Autre déconvenue majeure pour Areva qui attendait beaucoup de ce marché : le 5 décembre, l'Afrique du Sud a annulé les 12 réacteurs qu'elle prétendait faire construire.
Pendant ce temps, le chantier EPR d'Areva en Finlande, lancé en février 2005, tourne au désastre : déjà 38 mois de retard et 2,4 milliards d'euros de pénalité demandés par les Finlandais aux Français. Vendu 3 milliards d'euros, ce réacteur coûte donc en réalité 5,4 milliards… en attendant de nouveaux surcoûts.
Par ailleurs, le départ de Siemens, annoncé en janvier dernier, a pris au dépourvu Areva qui doit trouver 2 milliards d'euros de plus pour racheter parts détenues par son ancien allié. A la bourse de Paris, la cotation d'Areva est passée de 820 euros en juin dernier à 330 à ce jour : -60% !

EDF plombée par ses raids (Grande-Bretagne, USA) et par l'EPR de Flamanville

En Grande-Bretagne, EDF a dépensé une fortune (15 milliards) pour racheter British Energy et ses réacteurs nucléaire obsolètes… juste avant la crise mondiale : aujourd'hui, le prix en serait 3 à 4 fois moindre. De même, aux USA, EDF a payé le prix fort (5 milliards) pour racheter 50% des activités nucléaires de l'américain Constellation, tombé dès le début de la crise dans l'escarcelle du milliardaire Buffet, lequel l'a revendu bien plus cher à EDF. Dans les deux cas, il reste "juste" à EDF à trouver l'argent pour construire des réacteurs.
Pendant ce temps, l'EPR de Flamanville accumule les déconvenues : le chantier de ce réacteur, lancé en décembre 2007, compte déjà près d'un an de retard. Son prix est passé de 3,3 milliards à 4 milliards, mais tout pousse à penser qu'il coûtera lui aussi 5 ou 6 milliards… ou plus. L'action EDF à la bourse de Paris est passée de 87 euros fin 2007 à 38 à ce jour : - 56% !

La France ne vend des réacteurs nucléaires… qu'à elle-même !

Il ne faut pas se laisser tromper par les effets d'annonce de l'Elysée, d'Areva ou d'EDF sur de supposées exportations, comme la vente supposée mercredi 4 février de deux (voire six !) EPR à l'Inde. En réalité, seul a été signé un protocole d'accord qui n'engage à rien. De même, les 2 EPR supposés vendu à la Chine fin 2007 restent à ce jour à l'état de projet : seuls quelques travaux de terrassement ont eu lieu fin 2008 sur le site de Taishan.
Le nucléaire exige d'énormes investissements financiers pour une production d'électricité huit à dix ans plus tard et un retour sur investissement 30 ans après. De tels investissements, déjà difficiles à programmer avant la crise financière mondiale, sont encore plus improbables aujourd'hui, y compris en Chine et en Inde.

Sarkozy radioactif… et archaïque

Au lieu de venir se faire filmer, un casque sur la tête, sur le chantier en perdition de l'EPR de Flamanville, M. Sarkozy devrait enfin comprendre que le nucléaire est une énergie du passé, archaïque, polluante et qui, à investissement égal, crée 15 fois moins d'emplois que les alternatives (économies d'énergie + énergies renouvelables).

Cf fiche ci-joint :


Réseau "Sortir du nucléaire" - Fédération de 840 associations
Annexe au communiqué du vendredi 6 février 2009

La construction d'un EPR est
à la fois absurde et illégitime


Démocratie

L'annonce d'un nouvel EPR à Penly (Seine-Maritime) bafoue les engagements officiels pris lors du Débat public (Novembre 2005 - Février 2006) sur le premier EPR français, actuellement en construction à Flamanville (Manche). En effet, il était explicitement écrit par EDF que le premier EPR devait permettre "d’acquérir une solide expérience de construction et d’exploitation de ces réacteurs de nouvelle génération et d’être prêt le moment venu pour le renouvellement des centrales" (*). En clair, il s'agissait de faire fonctionner ce réacteur avant de décider d'en faire ou non d'autres. Or, la construction du premier EPR n'en est qu'au début : qui peut donc prétendre avoir à ce jour une "solide expérience de construction et d’exploitation" de l'EPR ?


Emplois

Par ailleurs, le Réseau "Sortir du nucléaire" conteste les affirmations de M Gadonneix (PDG d'EDF) qui prétend que la construction de ce réacteur serait "une bonne nouvelle pour l'emploi". La réalité est en fait exactement inverse : des études montrent que, pour un investissement égal, les économies d'énergie et les énergies renouvelables créent jusqu'à 15 fois plus d'emplois que le nucléaire (**).

Ainsi ,après avoir longtemps soutenu le nucléaire, le puissant syndicat allemand IG Metall vient de fustiger une "technologie vieillissante et arriérée" par la voix d'un de ses dirigeants, Hartmut Meine, qui a pris la parole dans le cadre d'une manifestation contre les transports de déchets radioactifs le 9 novembre dernier. Cette conversion s'explique sans peine : en quelques années, les énergies renouvelables ont créé 250 000 emplois en Allemagne, chiffre en augmentation continuelle. A titre de comparaison, après 50 ans d'investissements massifs, le nucléaire emploie moins de 100 000 personnes en France.


Energies renouvelables

Le projet de construire de nouveaux EPR n'est donc pas seulement irresponsable sur le plan environnemental, il est aussi absurde sur le plan économique. Plus que jamais, la "France nucléaire" fait fausse route : il y a quelques jours à peine le 26 janvier, l'Agence internationale pour les énergies renouvelables (Irena) a été officiellement créée par cinquante pays, notamment l'Allemagne, l'Espagne et le Danemark, qui se sont engagés de longue date en faveur des énergies vertes. La France, elle, a tout tenté d'empêcher la naissance de cette organisation et n'y participe que du bout des pieds.

Il faut dire que la construction d'un nouvel EPR empêchera la France de respecter son engagement européen de 23% d'énergies renouvelables dans la consommation finale d'énergie en 2020. Qui plus est, la vague de froid de cet hiver a démontré que la France manquait de moyens de production "de pointe" : elle ne doit donc surtout pas ajouter de nucléaire (qui produit "en base").


Agir

Face à ce nouveau coup de force, le Réseau "Sortir du nucléaire" attaquera en justice les autorisations de construction du nouvel EPR annoncé à Penly (Seine-Maritime). De même, le Réseau attend le verdict du Conseil d'Etat concernant sa procédure contre la construction de l'EPR de Flamanville. A ce sujet, les incroyables déboires industriels et financiers rencontrés par Areva et EDF sur leurs chantiers EPR respectifs entraînent de très lourds surcoûts (déjà au moins 2,5 milliards en Finlande et près d'un milliard à Flamanville) qui vont être couverts par les Français. Il apparaît donc indispensable de stopper, définitivement, le chantier de l'EPR de Flamanville.

Le nucléaire est une industrie du siècle passé, dangereuse et archaïque, chère et polluante. L'avenir est aux économies d'énergie et au développement des énergies propres et renouvelables.


(*) http://www.debatpublic-epr.org/docs/pdf/dossier_mo/synthese_dossier_mo.pdf
(**) Cf Etude "Un courant alternatif pour le Grand-Ouest", avril 2006


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