Info veille |
le 11/05/2011 : Communiqué de presse
du Réseau "Sortir du nucléaire"
Fédération de 874 associations agréée pour la
protection de l'environnement
http://www.sortirdunucleaire.org/
Fukushima, J+60 : le Japon censure à la chinoise
Alors que la Chine censurait il y
a quelques semaines le terme “fuite nucléaire“ sur le
principal site de micro-blogging en Chine afin de « freiner la
propagation des craintes et rumeurs » liées à la
catastrophe de Fukushima et à ses rejets radioactifs, le Japon semble
s'engager sur la même voie. 60 jours après la catastrophe de
Fukushima, le Réseau "Sortir du nucléaire" s’alarme
de cette situation digne des régimes les plus autoritaires, et exhorte
le gouvernement nippon à communiquer de manière claire et
transparente sur les conséquences sanitaires de la catastrophe nucléaire.
Quelques jours après la catastrophe de Fukushima, Pékin censurait
le terme “fuite nucléaire“ sur le Twitter chinois, afin
de « freiner la propagation des craintes et rumeurs »
liées à la catastrophe de Fukushima (1). C'est à peu
de chose près en ces termes que le gouvernement japonais justifie
la censure qu'il vient d'imposer aux distributeurs d'accès à
internet et chaînes câblées.
Des mesures prises pour «
assurer la sécurité et la tranquillité des régions
sinistrées »
Le 6 avril, le ministère de l'Intérieur nippon
a rendu publique l'injonction faite à ces opérateurs télécom
de supprimer de leur réseaux des informations qualifiées de
« fausses rumeurs [...] contraires à la loi, à l'ordre
et à la morale publique » (2). Cette mesure liberticide
pour les médias internet et la liberté d'expression en général
est d'autant plus choquante que l'information objective des populations,
pourtant cruciale en ces heures critiques, demeure un mirage. Cette réaction
coercitive trahit également le dramatique échec des autorités
japonaises et de Tepco, l'exploitant de la centrale de Fukushima, à
communiquer de manière claire, responsable et fiable sur la réalité
de la catastrophe. Les hésitations, démentis et erreurs de
calculs répétées ont achevé de jeter le discrédit
sur un gouvernement et une industrie nucléaire dont les japonais
mesurent chaque jour que leurs slogans rassurants n'étaient que déni
et mensonges.
Des médias indépendants
et étrangers exclus, des médias officiels verrouillés
L’écart entre le discours des mass-médias japonais
et celui des médias indépendants est pour le moins surprenant.
S’expliquerait-elle par le fait que les médias indépendants,
pas plus que la presse étrangère, ne sont ni conviés
aux conférences officielles de Tepco, ni à celles du gouvernement
nippon (3) ? Ainsi, seuls les journalistes appartenant au cénacle
des grands médias nationaux ont accès à une information
de première main, mais lénifiante ; presse traditionnelle
fortement dépendante des 20 milliards de Yen de budget publicitaire
que Tepco déverse annuellement dans le secteur audiovisuel et de
la presse écrite (4)… Les larmes qu’a versé le
conseiller pour les questions nucléaires du Premier Ministre japonais,
le 01 mai, lorsqu’il a annoncé sa démission, sonnent
comme un aveu supplémentaire (5): la situation japonaise est catastrophique,
et les responsables japonais préfèrent sauver leurs têtes,
plutôt que celles des japonais.
Certains élus locaux ainsi que des résidents de Fukushima s’accordent pour dire que la situation est sûre ; et que les médias, en attisant des craintes injustifiées, portent préjudice à l’économie de la région. De nombreux journalistes indépendants basés à Tokyo rapportent que le gouvernement minimise l’importance des fuites radioactives, et que la menace pour la santé publique a été et reste terriblement sous-estimée. Il n'est donc pas étonnant que ces dernières semaines, selon la presse japonaise, de nombreux résidents de Fukushima et ses alentours, qui avaient fui la crise nucléaire dans les premiers temps, ont commencé à rentrer à leur domicile et tentent de retrouver une activité normale. Ainsi, des journalistes qui se sont rendu dans la ville de Iwaki, à moins de 50 km de Fukushima, ont rencontré des personnes convaincues de la sûreté de l’endroit et du caractère passager de la crise nucléaire.
A se vouloir trop rassurant, le gouvernement japonais nourrit les suspicions et les craintes. Le Réseau "Sortir du nucléaire" exhorte le gouvernement nippon à faire preuve de responsabilité : face au risque nucléaire, la censure est un crime, la transparence une nécessité vitale.
Plus d'informations sur la situation au Japon : www.sortirdunucleaire.org/alerte-japon
Contacts presse :
Daniel Roussée : 06 61 97 83 28
Opale Crivello : 06 64 66 01 23
Notes :
(1) http://www.lematin.ma/actualite/express/Article.asp?id=148268
(2) http://www.soumu.go.jp/menu_news/s-news/01kiban08_01000023.html
(3) http://www.cpj.org/blog/2011/04/japan-discourages-freelance-online-reporting-on-nu.php
(4) http://japanfocus.org/-Makiko-Segawa/3516
(5) http://www.agoravox.fr/actualites/international/article/fukushima-l-expert-nucleaire-du-93219
Fédération Nord Nature, 23 rue Gosselet, 59000 LILLE - Tel 03.20.88.49.33 - mail :secretariat@nord-nature.org