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le 24/08/2011 : communiqué de Greenpeace France
Marée noire en Mer du Nord : Shell ne dit rien
Au moment où nous écrivons, Shell s’efforce de contenir une fuite provenant d’une conduite d’écoulement de la plateforme Gannet Alpha, à 180 kilomètres à l’est de la ville écossaise d’Aberdeen. Cette fuite serait déjà, selon les premières analyses, le pire cas de marée noire dans les eaux britanniques depuis plus d’une décennie. Face à cette catastrophe, Shell a choisi de se complaire dans un greenwashing des plus osés, requalifiant la marée noire de « pétrole brillant », et ne donnant absolument pas d’information sur l’accident.
L’oléoduc a commencé à fuir mercredi 10 août; Shell ne le confirmant publiquement que le … vendredi ! Cela fait donc une semaine, mais nous manquons encore d’informations pour évaluer l’ampleur des dégâts. Shell n’a pas confirmé combien de pétrole s’était échappé (même si cette quantité est évaluée à plus de 200 tonnes c’est à dire plus de 1300 barils, par la compagnie elle-même ) et le géant pétrolier assure au public que la fuite est « sous contrôle »… alors que selon de nombreux rapports, le pétrole continue de se répandre de la plate-forme Alpha Gannet.
Shell reste dans le flou total
Alors qu’un deuxième point de fuite a été
évoqué par le directeur technique des activités d’exploration
et de production de Shell en Europe lui même, la compagnie maintient
que tout est sous contrôle. Or, de son propre aveu, la compagnie demeure
incapable d’identifier la cause de la pire marée noire à
toucher la mer du Nord en dix ans, la porte-parole de Shell, Sally Hepton,
a indiqué mercredi 17 août que la compagnie pétrolière
tente toujours de repérer et de colmater la fuite.
Voir les communiqués de la compagnie sur la crise
Cette nouvelle catastrophe pose une fois encore
la question de la fiabilité des installations offshore en Mer du
Nord. Le forage en mer du Nord est régulièrement présenté
comme une absolue référence en matière de règlements
de sécurité, et les responsables politiques britanniques n’ont
cessé de soutenir que le risque d’un « Deepwater Horizon
» au Royaume-Uni était extrêmement faible. En fait, ce
risque a été considéré comme tellement minime
que les compagnies pétrolières, (BP notamment ), ont décidé
de ne pas le prendre en compte dans leurs projets.
Le fait que les accidents peuvent évidemment survenir et surviennent
!
Les inquiétantes ambitions des pétroliers en Arctique
Les événements actuellement en cours en mer du Nord sont également inquiétants sur un autre point : Shell est parmi les entreprises qui cherchent à se lancer dans la course au forage à risque dans l’Arctique. Et si Shell ne peut empêcher une marée noire dans l’ »ultra sûre » Mer du Nord, nous devons nous demander comment la compagnie compte gérer un accident similaire en Arctique, où les conditions extrêmes signifient que tout déversement de pétrole serait quasiment impossible à nettoyer?
L’ Arctique, un des derniers endroits
protégés de la planète, est l’habitat d’oiseaux
et de mammifères marins uniques au monde. Mais la région Arctique
renfermerait 90 milliards de barils de pétrole qu’il est techniquement
possible de récupérer, dont 84 % se trouvent en mer. Une marée
noire y aurait des conséquences fatales.
Les dangers de l’exploitation pétrolière en Arctique
sont immenses. Il faudrait bien plus de temps à une marée
noire pour se dissiper dans des eaux proches d’un état de glace
que dans des eaux plus tempérées. Températures glaciales,
conditions climatiques extrêmes et éloignement géographique
constituent de sérieux obstacles aux interventions de dépollution.
De plus, la présence de nappes d’hydrocarbure dans les eaux
arctiques serait synonyme d’empoisonnement pour un écosystème
marin unique au monde. Les industriels sont incapables de garantir qu’une
marée noire ne surviendra pas, et leurs plans d’intervention
en cas de catastrophe restent largement inadaptés.
Hasard du calendrier, Shell tient en ce moment même un « chat » sur internet sur ce sujet intitulé : « Développer les ressources en Arctique de manière sûre et responsable »…
Espérons que les questions seront nombreuses car nous ne pouvons pas laisser l’Arctique, l’un des derniers territoires sauvages de la planète, aux mains des pétroliers avides d’or noir !
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