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le 29/02/2012 : Communiqué de Générations Futures (MDRGF)

Pesticides dans l’eau : Le Ministère de la Santé rend plus facile la distribution d’eau polluée par des pesticides au-delà de la limite de qualité !

Contexte :
La Directive 98/83/CE (1) est claire : au-delà de 0,10 µg/L ( 0.1 microgramme par litre) par substance pesticide individuelle ou de 0,50 µg/L pour le total des pesticides quantifiés, la limite de qualité (2) réglementaire est dépassée. Mais, car il y a un mais, cela ne veut pas dire qu’au-delà de ces valeurs l’eau contaminée ne pouvait nécessairement plus être distribuée. Un avis du Conseil Supérieur d’Hygiène Publique de France daté du 7 juillet 1998 prévoyait en effet qu’un programme renforcé de suivi de la qualité des eaux devait mis en œuvre au-delà de ces limites. Cet avis prévoyait en outre, en interprétation de la Directive 98/83, que l’eau ne devait « pas être utilisée, ni pour la boisson, ni pour la préparation des aliments » si un pesticide s’y trouvait à une quantité supérieure à 20% d’une valeur appelée « valeurs sanitaires maximales », (V Max, définie par l’OMS), pendant plus d’un mois, ou si la teneur en pesticides dépassait ne serait qu’un jour cette V Max…toujours largement supérieure au 0.1 µg/L de la limité dite ‘de qualité’.
Cette situation pouvait déjà paraître anormale puisqu’elle entérinait une situation dans laquelle on tolérait la distribution d’eau contenant des quantités de pesticides bien supérieures à la limite de qualité, au motif qu’elle ne présenterait pas de risque sanitaire au regard de la V Max.

Cette situation a encore empiré depuis la publication en catimini d’une instruction de la direction Générale de la Santé le 9 décembre 2010, publiée au BO en février 2011. Cette instruction prévoit en effet que dorénavant, pour que des restrictions de distribution d’eau contenant des pesticides soit mises en place c’est 100% de la V Max du pesticide concerné qui devra être atteinte, quelle que soit la durée de l’exposition.

Qu’est ce que cela change ? Un exemple simple permet de comprendre : Pour l’atrazine, pesticide très fréquemment retrouvé dans les eaux en France, la V Max est de 2 µg/L. Avant la note de 2010, dès la valeur de 20% de la V %Max pendant plus d’un mois, soit 0.4 µg/L d’atrazine, pendant plus d’un mois, une interdiction temporaire de consommation était prononcée. Depuis la note de 2010, c’est 100% de la V Max, soit 2 µg/Ld’trazine, qu’il faudra dorénavant dépasser pour voir l’eau interdite à la consommation, même si le dépassement dépasse 30 jours !
« Autrement dit : on va tolérer dans de très nombreuses localités des quantités de pesticides dans l’eau 5 fois plus importantes qu’avant décembre 2010 ! » déclare François Veillerette, porte Parole de Générations Futures, ONG spécialisée dans la question des pesticides, qui s’insurge contre « une instruction du Ministère de la Santé passée inaperçue et visant à rendre plus commode la distribution d’eau pollué par des quantités de pesticides bien plus importantes qu’avant 2010. Ainsi pour un pesticide comme le folpet, pourtant classé cancérigène probable aux Etats Unis, on va maintenant tolérer jusqu’à 300 µg/L pendant plus d’un mois alors qu’auparavant on ne pouvait dépasser les 60 µg/L pendant la même durée ! » proteste t’il. »

Autre conséquence logique de cette nouvelle mesure dénoncée par Générations Futures : la baisse mécanique artificielle du nombre de personnes concernées par une présence excessive de pesticide nécessitant une restriction d’utilisation de l’eau. On est ainsi passé de 34 300 personnes touchées par ces restrictions en 2009 à 8939 en 2010 ! « Cette amélioration en trompe l’œil n’est dûe qu’à une manipulation des valeurs de pesticides acceptées dans l’eau et pas à une véritable amélioration de la situation » proteste François Veillerette qui voit là « la preuve que les autorités publiques ont renoncé à améliorer la situation en changeant les pratiques agricoles en profondeur mais préfère changer les graduations du thermomètre que de faire vraiment baisser la fièvre ! ». « Les candidats à l’élection présidentielle doivent se positionner et promettre de revenir sur ce changement de système qui va conduire à une exposition grandissante du public à des pesticides dangereux » Conclut il.

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