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le 05/04/2012 : communiqué de France Nature Environnement

Bois illégal : agir sur la demande et pas uniquement sur l’offre

Le 20 mars dernier, la Banque mondiale a publié un rapport recommandant à la communauté internationale d’augmenter les efforts de justice criminelle dans la lutte contre le trafic de bois illégal1 . Ce rapport n’insiste cependant pas suffisamment sur un moteur important du trafic de bois illégal : la demande. Tant qu’il y aura des acheteurs, le trafic de bois illégal continuera ! Explication.

Combattre le crime organisé pour combattre le bois illégal

Cause non négligeable de la déforestation, l’exploitation illégale de bois représente 20 à 40% de la production mondiale de bois selon l’Organisation des Nations Unies. Un cinquième de cette production illégale arriverait en Europe2 . En France, 30% des importations seraient d’origine illégale. La proposition de la Banque Mondiale d’améliorer l’arsenal juridique des pays producteurs de bois pour sanctionner les activités illégales paraît pertinente puisque le trafic illégal de bois est souvent lié au crime organisé.

Agir sur la demande mondiale

Aussi importante que soient les sanctions juridiques chez les pays producteurs, la Banque Mondiale ne met pas assez l’accent sur la demande, moteur de ce trafic mondial.

Pour Hery Randriamalala, correspondant de FNE à Madagascar et activement impliqué3 dans la lutte contre le trafic de bois de rose depuis 2009, « les mesures proposées par la Banque Mondiale sont excellentes mais un pré-requis est nécessaire : l’existence d’un Etat de droit ! » Il ajoute : « la seule stratégie compatible avec le rythme actuel de la déforestation, est le renforcement de l’arsenal juridique des pays importateurs de bois. Ce n’est qu’en étouffant rapidement la demande qui stimule le marché illégal que l’on pourra sauver ce qui reste des forêts tropicales. »

Le poids de l’Europe

Consciente de la responsabilité de l’Union européenne dans le commerce de bois illégal, la Commission européenne publiera avant le 3 juin 2012, les règles détaillées de son Règlement Bois de l’Union Européenne (RBUE).

Pour Eglantine Goux, chargé de mission forêt internationale à FNE : « n’oublions pas que la Commission européenne doit revoir la liste de produits concernés par le RBUE. Il est essentiel que les papiers imprimés ainsi que les œuvres de maîtres et la totalité des outils de cuisine, susceptibles de contenir du bois de rose de Madagascar, soient ajoutés à cette liste».

Pour Sébastien Genest, responsable du dossier Forêt internationale : « Les sanctions encourues pour commerce de bois illégal devraient être identiques au sein des différents pays de l’Union européenne ainsi qu’entre le Lacey Act aux Etats-Unis, et le Règlement Bois de l’Union Européenne. Ceci permettrait d’empêcher des acheminements par des filières détournées et d’éviter que les ventes de bois illégales aient lieu dans des pays où les sanctions seraient moins importantes. »

Lire notre analyse détaillée du rapport de la Banque Mondiale

Consulter les demandes de FNE pour la mise en place des règles détaillées du RBUE

1http://web.worldbank.org/WBSITE/EXTERNAL/TOPICS/EXTFINANCIALSECTOR/0,,contentMDK:23146160~pagePK:148956~piPK:216618~theSitePK:282885,00.html
2UNECE/FAO Forest Products Annual Market Review, 2009-2010
3Randriamalala, H. et Liu, Z. 2010. Bois de rose de Madagascar : Entre démocratie et protection de la nature. Madagascar Conservation & Development 5, 1: 11-22. Supplementary Material.
http://journals.sfu.ca/mcd/index.php/mcd/rt/suppFiles/167/128

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