nn1.gif (2843 octets) Ex Parc Naturel Régional de l'Audomarrois

Nb : Le Parc Naturel Régional de l'Audomarrois a fusionné avec le Parc Naturel Régional du Boulonnais pour conserver le label de Parc Naturel Régional

 

Article de A.Ward publié dans le bulletin n°87 en 1997 (article écrit à l'occasion de la révision des chartes des Parcs Naturels Régionnaux)

 

Un Parc n'a d'intérêt que s'il dépasse le stade de la charte, le stade de l'intention.

Or, le bilan d'activités des Parcs montre que, pour leur objectif n ° 1, à savoir la protection du patrimoine naturel, on en est souvent resté au stade de l'intention.

Les aspects positifs.

S'il faut chercher des actions réussies, ce seront celles qui ont été développées en faveur des scolaires, et dans le domaine de l'eau. - Les opérations comme "Le Cahier des enfants", les différents projets proposés aux enseignants, sont positifs. Ces actions méritent d'être poursuivies et développées.

- Les Parcs ont joué un rôle majeur dans la restauration de la qualité de l'eau, notamment celui de l'Audomarois, qui a su s'appuyer sur la dynamique créée par les actions engagées par les associations locales : la Concorde (association de pêcheurs) et surtout Nord-Nature Saint Omer qui est à l'origine de la lutte contre la pollution. Le rôle du Parc se poursuit au sein du SAGE.

Les échecs.

Je prendrai le cas de l'Audomarois. En dix ans, les trois joyaux de ce Parc : la forêt, les landes atlantiques et le marais, se sont sensiblement dégradés

 

La forêt :

-Jadis, le traitement forestier par taillis sous futaie avait fait de la forêt de Clairmarais l'une des plus riches du Nord de la France. Aujourd'hui, on y invite les élèves à planter des alignements d'arbres en "plastique"! -Les rares zones humides sont recreusées en étangs à gibier, au mépris de la flore et de la faune très particulières qui y vivent.

- La héronnière, rendue célèbre par le Professeur Dorst, n'est toujours pas protégée. Le dossier de mise en réserve biologique dort depuis

19 ans, nous l'avons relancé il y a deux ans, avec le Parc de l'Audomarois, sans plus de succès. La héronnière, qui a déjà perdu 80% de sa superficie en dix ans, ne résistera pas aux nouveaux modes de gestion de l'E.N.F.

 

Les landes atlantiques

Le Parc n'a pas pu inscrire ce site unique dans son domaine d'action et donc éviter que les communes y fassent un aménagement catastrophique au regard de la protection d'un tel milieu. Lorsqu'on sait qu'un acteur majeur du Parc fait passer une voie express au travers de ce site unique du patrimoine de ce Parc, on mesure le chemin qu'il reste à parcourir des intentions aux actes.

La procédure suivie pour mettre en place des plans de gestion censés atténuer le désastre augure mal de l'avenir : on a évincé les scientifiques qui étudient le site depuis plus de vingt ans au profit des employés d'un bureau d'études étranger qui n'y ont jamais mis les pieds.

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(Dessin de Anne Carole Werquin)

Le marais audomarois, exemple typique de l'incohérence des politiques d'aménagement :

- Comment les acteurs du Parc peuvent-ils vouloir préserver les prairies humides et s'aliéner leur droit de préemption au profit de chasseurs et pêcheurs qui transforment les prairies en mares plantées d'arbres exotiques (le plus bel exemple se trouvant à Clairmarais face au panneau annonçant l'entrée sur le territoire du Parc !) ? Ailleurs, le maïs s'implante avec son cortège de pesticides.

- Comment peut-on vouloir sauver le patrimoine naturel et culturel, et laisser se développer les bidonvilles de cabanes et de caravanes dans toute une partie du marais, donc du Parc ? Seule Nord-Nature a fait quelque peu bouger les choSes en tentant de faire condamner les contrevenants. Actuellement, leurs cabanons, répertoriés dans un rapport qui dort dans un placard du Parc depuis deux ans, sont toujours à la même place, et de nouveaux se sont installés !

- Comment peut-on laisser chaque grande commune du marais créer "sa"zone artisanale dans le marais alors qu'ailleurs d'autres attendent toujours preneurs ?

- Les maux ci-dessus cités sont à regarder à travers la gestion des niveaux d'eau : peut-on financer un Parc qui doit sauver les dernières zones humides de son territoire et, dans le même temps, financer l'assèchement de ces mêmes zones?

C'est à ce paradoxe qu'on arrive dans le marais audomarois : 1 . d'un côté, tout est fait pour vider, avec l'argent du contribuable, l'eau du marais audomarois : drainages et urbanisation du bassin-versant, évacuation à la mer par pompages surpuissants et prélèvements de plus en plus importants dans la nappe ;

2. de l'autre, on finance un Parc qui doit sauver ces dernières zones humides non seulement pour leur rôle récréatif mais aussi pour leur rôle majeur dans la préservation de la ressource en eau et des écosystèmes aquatiques.

S'il fallait encore illustrer les difficultés des Parcs à atteindre leurs objectifs, il suffirait d'ouvrir le désastreux dossier "Natura 2000" " Comment comprendre que les Parcs n'aient pris aucune initiative pour promouvoir cette démarche qui non seulement s'inscrit dans le droit fil de leur charte, mais doit aussi leur permettre d'obtenir des moyens supplémentaires pour l'appliquer !

Révélatrice aussi l'attitude de la plupart des communes, qui n'hésitent pas à montrer toute l'incohérence de leur politique. Elles rejettent le classement "Natura 2000" des sites de leur territoire et, dans le même temps, elles déclarent vouloir adhérer à la charte des Parcs ; donc vouloir soutenir une politique de développement durable, celle-là même que propose Natura 2000 1

Si le Parc a bien réussi la promotion du tourisme fluvial, il n'a rien pu faire pour endiguer l'afflux de bateaux de loisirs individuels ou collectifs, au point que les conflits d'usage s'amplifient chaque année. Ces bateaux sont pratiquement les seuls à circuler depuis que les opérations de remembrement ont permis l'accès routier à toutes les parcelles du marais. Le développement du tourisme fluvial a deux conséquences néfastes :

1. La circulation, non seulement perturbe gravement la faune reproductrice, mais augmente l'érosion des berges par le batillage créé.

2. Pour que les barques et bateaux à touristes circulent facilement, il faut couper la végétation aquatique. Cette contrainte réduit l'intérêt que pourrait présenter l'usage du bateau faucardeur pour réduire la prolifération végétale due à l'eutrophisation. Le faucardage a lieu, non pas lorsque la végétation est à son maximum, c'est-à-dire en août-septembre, mais dès le départ de la végétation, ce qui perturbe les écosystèmes aquatiques lorsque les espèces aquatiques sont en pleine reproduction.

S'il est vrai qu'il est de bonne politique de diversifier les points de fixation des touristes, on ne peut que s'interroger sur la différence des traitements réservés à la gestion ou à l'acquisition de sites naturels remarquables, et à la réalisation d'un musée. Celui de la guerre va bénéficier d'un financement colossal à l'image du blockhaus qui l'abrite alors que, dans le même temps, le Parc doit faire appel à des bénévoles pour réaliser les travaux de restauration des milieux naturels et n'a même pas les moyens de financer les suivis scientifiques des actions de gestion qu'ils mènent. On peut d'ailleurs regreff er, à ce propos, l'absence d'un partenariat efficace avec les grandes associations régionales renommées pour leurs études sur la flore et la faune.

Un manque de reconnaissance.

Ce constat d'échec indique que les Parcs ont du mal à se situer dans le tissu des organismes qui participent à l'aménagement du territoire et au développement économique.

L'échec en matière de développement durable en est un exemple. A Saint-Omer, le maraîchage intensif a été encouragé et facilité en dépit des contraintes du milieu. Il périclite aujourd'hui. Le Parc n'a pas pu mettre en place un maraîchage labellisé, respectueux du milieu. De même, malgré les efforts du Parc, l'agriculture biologique n'a toujours pas pu s'y implanter.

Les mesures agri-environnementales portées par le Parc sont mal acceptées et ne concernent qu'un nombre très restreint d'exploitants hypothéquant gravement le sauvetage des prairies humides.

Comment faire passer le Parc des intentions aux actes?

L'action du Parc ne peut être positive que si les acteurs qui la portent y croient et s'y consacrent. Le non-respect de la charte n'a pas eu de conséquences pour les communes qui ont adhéré aux "anciens" Parcs. Comment faire pour qu'il n'en soit pas ainsi dans les "futurs" Parcs? Comment éviter qu'on dépense les deniers publics à promouvoir un Parc qui ne peut atteindre ses objectifs?

Pendant dix ans, les Parcs se sont effacés derrière les différents acteurs intervenant dans les différents domaines de l'aménagement du territoire : urbanisme, agriculture, tourisme, etc...

La nouvelle réglementation prévoit que les chartes devront être prises en compte dans les projets d'aménagement. Cela ne sera possible que si les Parcs deviennent de véritables structures incontournables dans le processus de décision, reconnues par tous et d'abord, par les services de l'Etat.

Il ne s'agit pas de se substituer aux gestionnaires habituels mais de fédérer leurs actions, de les mettre en cohérence. Si ce rôle n'est pas reconnu, les chartes ne pourront être appliquées à l'échelle des Parcs mais seulement sur quelques sites reliques. Dans ce cas, les Parcs n'ont pas de raison d'être, d'autres structures existent pour cela.

 

Propositions d'axes d'orientation de Nord-Nature SaInt-0mer

1. Développer la restauration de zones naturelles, sans possibilité de les transformer, aux abords des zones sensibles humides, inondables et autres zones inventoriées.

2. Développer à l'intérieur et en priorité, le développement durable. La zone de parc est un chantier d'application "grandeur nature".

3. Favoriser les utilisations d'énergies alternatives.

4. Associer le plus étroitement possible des associations de protection et de défense de l'environnement ainsi que des associations de consommateurs.

5. Faire des réunions d'objectifs à chaque début d'année et mettre en place un comité de suivi.

6. Proposer à la population par vole de consultation publique le choix d'orientation : par exemple, transport en commun électrique, au gaz, au diester ou autre.

7. Développer un tourisme diffus dans la zone et rendre impossible la construction de grands ensembles touristiques.

8. Les "maisons du Parc" doivent

être une vitrine du monde associatif et un lieu de recherche, d'étude et de consultation (bibliothèque, laboratoire d'analyses, centre multimédia) de la culture du terroir.

9. Développer les lieux de concertation avec les décideurs économiques et les professions agricoles pour améliorer la qualité de l'eau, de l'air, des paysages et de la vie. Comment? A l'aide de conventions d'objectifs et d'incitations financières.

10. Pouvoir de police "supra-communal" en matière d'environnement. Mise en place d'écogardes.

11. Accorder le label Parc Naturel Régional aux produits issus du Parc

et répondant à des critères très précis de qualité écologique indéniable (eau à 0 nitrates, viande issue d'agriculture extensive, etc...)

.. ........

Doléances de Daniel Wgeux, Santes Nature :

qui déplore ce qu'il se passe dans le Parc au Romelaere qui va bientôt ressembler à un parc urbain (herbe tondue le long des étangs sur 5 m de largeur, chiens non tenus en laisse, haie de thuyas plantée juste à l'entrée du Parc), manque de calme pour observer les oiseaux.

 

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