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Renard et échinococcose |
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Auteur : commission faune de Nord Nature | accueil |
Dans un article intitulé" Faut-il avoir peur des renards ? " paru dans lédition régionale du samedi 5 janvier 2002, la Voix du Nord présente les relations entre lhomme, le renard et le parasite responsable de léchinococcose alvéolaire. Compte tenu des nombreux échos qui nous sont parvenus, cet article a eu pour seul effet de créer une psychose vis à vis du renard sans donner au lecteur les informations indispensables pour se préserver de cette parasitose grave puisque mortelle. Cest la raison pour laquelle la Fédération Nord Nature apporte les compléments dinformation suivants sous la forme questions réponses.
Quest-ce
que léchinococcose alvéolaire ?
Léchinococcose alvéolaire est une des nombreuses parasitoses humaines. Elle est
provoquée par un petit ver parasite de 3 à 6 mm, Echinococcus multilocularis, hébergé
à létat adulte dans lintestin des renards, des chiens et des chats. Chez ces
hôtes dits " définitifs ", le parasite, sous sa forme adulte, perd
régulièrement son dernier anneau (segment ovigère) bourré
d " ufs " (embryophores) qui est évacué dans les
crottes. La dégradation du segment ovigère dans le milieu extérieur libère les
ufs, dispersés autour du point démission, essentiellement par les eaux de
ruissellement et les insectes coprophages. Ces ufs, très résistants, souillent les
végétaux consommés par des rongeurs herbivores, le plus souvent, le Campagnol
terrestre ; le Rat musqué pourrait être éventuellement un autre hôte possible.
Ces hôtes " intermédiaires " hébergent la forme larvaire du
parasite qui envahit progressivement le foie et entraîne leur mort en quelques mois. Les
hôtes intermédiaires malades sont des proies faciles pour le renard, le chien ou le chat
qui se contaminent en les ingérant.
Quelle
est la place de lhomme dans ce cycle ?
Il est, comme le campagnol,
un hôte intermédiaire mais accidentel. Chez lui , la larve met plusieurs
années à envahir le foie et lissue peut être fatale.
Quelles
sont les modalités de contamination ?
Elle peut se faire indirectement ou directement.
La contamination indirecte se déroule comme chez le campagnol par contact avec le sol
souillé ou la consommation de végétaux crus souillés par les oeufs. Ceux-ci
appartiennent au cortège des plantes sauvages et cultivées qui poussent sur les terrains
auxquels les carnivores infestés ont accès : fruits sauvages de plantes basses
(myrtilles, fraises des bois), salades, fraises. Compte tenu de leur taille (35 à 40
µm), les ufs ne sont pas décelables par examen visuel et seule la cuisson permet
de les détruire, les antiseptiques et la congélation étant inefficaces. Il y a donc un
risque de contamination par des légumes provenant des cultures maraîchères des zones
dendémie ; ce qui signifie que les citadins ne sont pas à labri.
La contamination directe se réalise par contact avec le carnivore hôte définitif du parasite et on peut qualifier cette parasitose de " contagieuse ". Les renards, les chiens et les chats parasités, en se léchant lanus, chargent leur langue dufs quils répandent sur leur pelage en se " toilettant ". Lhomme se contamine en touchant ces animaux et en portant ensuite, sans les laver, les mains à la bouche. Dans ce cadre, il est évident que le risque réel pour la population ne vient pas du renard qui nest généralement manipulé que par des personnes parfaitement informées des risques (vétérinaires, chasseurs, piégeurs, forestiers), sentourant de toutes les précautions indispensables. Le risque réel vient des chiens et des chats parasités et repose sur leurs rapports affectifs avec lhomme : caresses, léchage des plats et des assiettes, admission dans les terrains de jeux pour enfants. La contamination par cette voie est dautant plus insidieuse que le chien et le chat ne sont pas affectés par le parasite.
Quelle
est la situation dans le Nord Pas-de-Calais ?
Il ny a pas, à notre connaissance, de cas déchinococcose alvéolaire
autochtone dans le Nord Pas-de-Calais. Cette parasitose touche principalement les
régions proches de la frontière suisse et allemande ; elle manifeste cependant une
tendance à sétendre vers louest comme le montre son extension au Massif
Central.
Quelles
sont les mesures prophylactiques à prendre ?
Les mesures de surveillance sont du ressort des professionnels de la santé humaine et
animale et des pouvoirs publics. La recherche régulière de la présence éventuelle du
parasite sur les trop nombreux renards tués par les chasseurs et les piégeurs est
indispensable.
Tant que la présence de la maladie nest pas avérée dans notre région, il
ny a pas lieu de prendre de précautions individuelles particulières. En revanche,
nous ne pouvons que conseiller la plus extrême vigilance aux personnes séjournant dans
les zones dendémie : Haute Savoie, Jura, Doubs, Haute-Saône, Vosges,
Haut-Rhin, Bas-Rhin, Meurthe et Moselle, Creuse, Puy de Dôme et Cantal. Si elles sont
accompagnées de leur chien ou de leur chat et si ces derniers ont pu chasser des rongeurs
susceptibles dêtre parasités, il serait sage de procéder, au retour, à un
déparasitage interne et de détruire les fèces à la flamme comme le préconise la fiche
technique n° 18 de lOffice National de la Chasse et de la Faune Sauvage, publiée
en 1984 à propos de cette parasitose. Il faut ici préciser, quaprès contamination
du chien ou du chat par ingestion de campagnols, les vers deviennent adultes au bout de 10
à 12 semaines, lanimal est alors " contagieux " et le restera
quelques mois. Un risque dintroduction de la parasitose dans la région par le
truchement des chats et des chiens séjournant en zone dendémie est possible. A
titre dexemple, la maladie a été implantée dans la région des grands lacs en
Amérique du Nord par limportation de chiens à partir du Grand Nord (cf. Fiche
technique n° 18 de lONCFS-1984).
En conclusion, léchinococcose alvéolaire, sans être une maladie fréquente en France (environ 10 cas par an) mais en raison de sa gravité, demande une plus grande vigilance des pouvoirs publics pour suivre son extension éventuelle vers notre région. De même, les responsabilités citoyennes des personnes transitant ou séjournant avec leurs animaux familiers dans les régions infestées devrait les inciter à les déparasiter dès leur retour.
En revanche, préconiser la destruction des renards sous prétexte de léchinococcose alvéolaire est injustifiée et contraire à lobjectif poursuivi qui est déviter lextension de la parasitose ; en effet, la destruction des renards locaux sains, crée un vide susceptible " daspirer " des renards venant de lest et porteurs du parasite.
La Fédération Nord Nature a été étonnée pour ne pas dire scandalisée de la manière partiale et incomplète dont les relations " renard échinococcose alvéolaire " ont été présentées par les rédacteurs de larticle en question, car il est évident que les risques de contracter la maladie sont beaucoup plus importants avec les chiens et les chats quavec le renard.
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