Indépendamment des multiples interventions au quotidien, la Fédération NORD-NATURE peut mettre à son actif de nombreuses actions d'envergure. Elle est devenue certainement l'une des cinq ou six plus importantes Fédérations régionales de France.

Cette place, il faut la garder. Une association ne peut être grande si elle reste sur des actions de contestation d'ampleur réduite ou seulement théoriques ; il faut qu’elle mène aussi, avec ténacité et jusqu’au bout, des actions importantes, tant de défense que de proposition, bien argumentées, bien construites ; il faut, comme il a été dit plus haut, que ces actions soient élaborées sur des bases scientifiques, techniques, réalistes.

Sans doute, certaines de nos propositions peuvent, quand on les émet, paraître utopistes. Mais l'utopie d'aujourd'hui est parfois la réalité de demain ; donc ridicules aujourd'hui, nos propositions peuvent être précieuses dans quelques années. Un écrivain-journaliste avait dit, il y a quelque deux siècles : "Quand on a raison vingt quatre heures avant les autres, on passe pendant vingt quatre heures pour un imbécile" ; on dit plutôt maintenant : on a toujours tort d'avoir raison trop tôt. Mais ce n'est pas une raison pour hésiter ; au contraire, ce doit être plutôt notre fierté, car la démagogie n'est pas dans notre programme et notre rôle est de précéder la foule plutôt que de la suivre.

Notre combat ne doit pas être seulement un combat d'arrière-garde, mais aussi un combat d'avant-garde. Il est malheureusement possible que ce combat d'arrière-garde continue, et pourtant nous souhaiterions n'avoir plus jamais besoin de recourir à la justice, nous souhaiterions même que la société soit telle que les associations qui défendent l’intérêt général deviennent inutile... c'est certainement là de l'utopie pure et les associations ont encore un travail considérable à accomplir.

Le rôle des protecteurs de la nature est et sera, aujourd'hui comme hier, non seulement de défendre la nature et l'environnement d'aujourd'hui mais de proposer les décisions de demain en les faisant comprendre dès maintenant.

Pour sauver la biodiversité en la laissant évoluer à son rythme, pour sauvegarder les ressources nécessaires à la vie et au bien-être de tous, il faut absolument inverser un certain nombre de phénomènes en faisant comprendre que le fond de tous les problèmes, autant écologiques que socio-économiques, est démographique.

Le développement durable, la survie de l'humanité, est à cette condition car il ne peut y avoir de croissance illimitée d'un phénomène dans un système limité : la Terre.

Notre rôle de précurseur doit continuer mais il doit changer de niveau et de stratégie.

Il y aura toujours, d'une part l'action vis-à-vis des populations avec un langage simple, compréhensible pour tout un chacun, et d'autre part, des interventions auprès des responsables et décideurs dans un langage plus scientifique, technique et juridique car notre argumentation devra toujours s'élever au moins aussi haut que celle des interlocuteurs d'en face et nos connaissances des problèmes précéder la leur pour avancer.

Le chemin est encore long... mais nous, nous le poursuivrons pour une humanité durable dans un mieux-être soutenable sur une planète vivable... et vivante dans sa biodiversité.

Nous avons conscience d'être la conscience des populations conscientes (la répétition étant, bien entendu, consciente). Une conscience qui doit déborder dans le temps et l'espace, au-delà de l'intérêt local ou momentané, car

Défendre la Nature, c'est défendre l'Homme et son avenir.