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La Forêt de Nieppe, une zone humide prioritaire ? 2/5 : aménagement du territoire autour de la forêt
Auteur : Alain Vaillant, Fédération Nord Nature Environnement accueil

Cette fiche pratique sur la Forêt de Nieppe
comporte 5 pages

Généralités
Aménagement du territoire autour de la Forêt : >> vous y êtes
Artificialisation du "fil de l'eau"
Le statut de la Forêt de Nieppe
Les menaces se précisent

Depuis des dizaines d'années, la Fédération Nord Nature Environnement, dénonce des mesures d'aménagement du territoire qui causent ou accentuent les inondation : "suppression des haies,arasement des talus,pratiques agricoles néfastes,destruction des zones humides,rectification et aménagement des rivières, urbanisation croissante, toutes ces opérations cumulent leurs impacts respectif et provoquent des catastrophes qu'il est abusif de qualifier de naturelles" Extrait du bulletin n°89 de Nord Nature intitulé "Inondation et sècheresses", publié en décembre 1993

Depuis des dizaines d'années, la Fédération Nord Nature Environnment demande que l'on retienne l'eau en amont. Elle a été entendue : La CLE (Commission Locale de l'Eau), le SYMSAGEL (Syndicat mixte pour le Sage de la Lys) et l'EPTB Lys (Etablissement Public Territorial de Bassin) ont mis en oeuvre des ZEC (zone d'expansion de crue) et autres réservoirs pour retenir l'eau en amont et la relacher lorsqu'il n'y a plus de risque d'inondation et ils en ont d'autres en projets

MAIS CELA SERA-T-IL SUFFISANT ?...

A) l'outil :


La technologie et les hydrocarbures ont donné aux hommes des pays riches, depuis une cinquantaine d'années
des capacités d'intervention considérables sur la nature.
On rencontre cela aussi dans d'autres domaines : agriculture, chimie, déplacements, ...


Depuis 1970, les pelleteuses hydrauliques sont entrées en action pour évacuer l’eau le plus vite possible en aval (A). Les machines qui installent les drains dans les champs ont agit dans le même sens

B) Ne pas oublier la nature :
Les cours d'eau ont naturellement un lit majeur et un lit mineur. La plupart du temps ils coulent dans le lit mineur. De temps à autre, mais assez régulièrement, ils s'étendent dans le lit majeur et on appelle cela une crue

2 remarques immédiates :
+ construire une habitation dans le lit majeur, c'est s'exposer à avoir de temps à autre de l'eau sur son terrain et, si l'habitation n'a pas été surélevée, il y aura, à chaque crue, des dégats dans la maison
+ dans un "plat pays" comme la Plaine de la Lys, le lit majeur peut s'étendre très loin


Ce secteur est maintenant identifié au niveau du Plan de Prévention du Risque d'Inondation (PPRI) comme zone inondable à aléa faible

C) Deux mécanismes fondamentaux :
Si je suis propriétaire ou responsable d'un terrain (champ, commune, ...) qui de temps à autre est inondé, 2 "évidences" me tenaillent :
+ si je réussi, d'une façon ou d'une autre, à amener l'eau qui arrive sur mon terrain à l'endroit qui est (ou sera) le plus bas en bordure de propriété, c'est gagné !! ... gagné pour moi, mais c'est le voisin en aval qui aura beaucoup plus de problèmes avec l'eau. C'est seulement depuis une dizaine d'années que les aménageurs, dans le bassin versant de la Lys, ont commencé à retenir l'eau en amont >> on en reparlera plus loin avec la ZEC de Borre
+ si je suis propriétaire d'une prairie inondable (en cas de crue) et que, par des drainages (ou autres méthodes) j'en supprime le caractère inondable, cela devient un champ cultivable et son prix peut être multiplié par 2. Si plus tard, à travers le PLU de la commune, j'en fais un terrain à batir, à nouveau son prix peut être multiplié ... . Voilà un moyen intéressant de gagner de l'argent au niveau individuel. Très souvent, la suppression du caractère inondable concerne les crues les plus fréquentes, mais quand arrive une crue centenale (A) les constructiuons sont inondées, et les assureurs ou l'Etat payent les dégats. C'est donc la collectivité qui paye, c.a.d. nous tous, l'enrichissement d'une personne qui a, au passage, plongé des familles et leurs biens dans une inondation !

D) Aménagement du territoire, l'exemple de La Bourre:


Carte réalisée par le bureau d'études Royal Haskoning et publiée dans "Plan de gestion globale et équilibrée des écoulements et des crues des canaux de la Bourre" en 2003 pour le SYMSAGEL. On y voit La Bourre prendre sa source à Wallon Cappel, contourner Hazebrouck par le nord puis desendre vers le sud-est pour se jeter dans la Lys à Merville


1) Changement du profil : globalement, sa largeur et sa profondeur ont été multipliées par 2 depuis 1980 (c.a.d. que son débit a été multiplié par 4). En plus, une partie des terres extraites a été utilisée comme parapet pour « protéger » les terres agricoles voisines. Ces levées de terre atteignent parfois (par exemple à l’est d’Hazebrouck au bord de La Bourre) 1m de haut. Cette augmentation de largeur et l'affouillement par l'eau en crue ont fait s'effondrer on pont d'accès à une habitation !


La Bourre entre Hazebrouck et la Forêt de Nieppe. Sur la rive gauche on voit le merlon de terre
dont une pente est constituée par la bande enherbée

3 : Au sud est d’Hazebrouck, la zone bleue sur la carte, c’est 500 ha cultivés qui était une zone naturelle d’expansion de crue (inondée en 1993) qui ont ainsi été « protégés » par les levées de terre … et toute l’eau qui ne s’y étale plus descend maintenant rapidement dans la Lys déjà pleine … et qui déborde.

4) : Les drainages des champs : toujours dans la zone bleue, les drainages des champs se sont accompagnés de clapets anti retour pour être sûr qu'en cas de crue l'eau ne remonte pas par ces drains dans les champs


clapet simple en extrémité de drain


Même les fossés ont des clapets anti retour !

5) Estimation des volumes d'eau qui ne s'étalent plus en cas de crue centenale : une lame d'eau de 10cm sur 500 ha représente un volume de 500.000 m3.

6) La ZEC de Borre : une zone d'expansion de crue est prévue justement dans les 500 ha, à l'est d'Hazebrouck.Elle aura, dans une première partie d'aménagement une rétention fective d'environ 550.000 m3. Cet aménagement aura un coût supérieur à 2,5 millions d'euros (HT) payés, bien sûr par la collectivité. On peut espérer raisonnablement que cet ouvrage ramènera les risques d'inondation en aval à ce qu'ils étaient en 1992 juste avant la crue centenale.

4 : Dans la forêt, les cours d’eau qui la traversent (La Bourre et les Berquigneuls) ont subit, eux aussi, le travail des pelleteuses hydrauliques et ont été approfondis et élargis ainsi que de nombreux fossés. Résultat : la nappe de surface en forêt a baissé de 1m à 1,5m et la rivière appelée "La Bourre" n'est plus en relation avec son lit majeur où jadis elle s'étallait en période de crue.

NOTES :
(A) : on peut noter au passage que c'est l'USAN (Union des Syndicats d'Assainissement du Nord) qui a gèré les pelleteuses hydraulique qui ont accentué les inondations et qui maintenat va utiliser les mêmes pelleteuses pour la réalisation de ZEC ...
(B) : crue centenale : crue très forte qui ne se produit, environ, qu'une fois par siècle

 

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